Censure du gouvernement Barnier : enjeux et implications

Tout à l’heure vers 20H30 l’assemblée par 331 voix a décidé de censurer le gouvernement de Michel Barnier qui n’aura tenu que 90 jours, soit la plus courte durée de la 5e république. Il aura fallu que la gauche, l’extrême-gauche et l’extrême droite votent de concert un texte qui tapait sur l’extrême-droite : l’hypocrisie est de mise, le RN parle d’outil pour expliquer son hypocrisie. Le calendrier s’est accéléré ces jours ci. Pour une raison simple, le procès du RN/FN celui des assistants parlementaires au parlement européen avec le requis qui prévoit des années d’inéligibilité pour les délinquants (s’ils sont condamnés) comme Marine Le Pen et d’autres de son parti au projet inique. C’est fin Mars qu’on aura la condamnation de cette bande. D’ici là elle s’agite et accélère les choses, comme le dépôt d’une motion de censure. La Mère le Pen partage un fantasme avec le clown Melenchon : la démission de Macron.

Mais dans la journée il s’est passé des choses. Certains préparaient déjà l’après Barnier … et cela à l’assemblée. On a vu par exemple sur France-Infos le socialiste Boris Vallaud qui n’est pas n’importe qui, parler de “chemin méthodologique“ avec le bloc central. Est-ce là de l’ouverture post-censure ? Est-ce que cela va être suivi d’effets ? et quid de la LFI la dedans ? et de certaines personnes comme Hollande et d’autres qui sont silencieuses pour l’instant? Le même en appelant à voter la censure a expliqué des choses :  «Le choix qui est devant vous est clair : préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir que certains jugent imparfaite, ou continuerez-vous à courber l’échine aux injonctions de madame Le Pen ?» (…) «Je crois en la démocratie mais elle a besoin de républicains adultes. Cette censure est un appel au sursaut moral».

Le patron des députés PS veut donc un sursaut moral pour que les élus soient adultes et arriver à un chemin méthodologique avec le bloc central. Il faut noter que Melenchon spectateur dans les tribunes s’est barré de l’assemblée nationale quand Vallaud commençait son discours. la LFI a déjà couiné que tout contact avec le bloc central signifierait la fin du NPF. Il va falloir suivre ces gens dans les jours qui viennent . Et j’espère que Macron ne va pas bloquer ces discussions surtout que c’est son adn de faire travailler la gauche et la droite.

Quel peut-être ce chemin méthodologique ? On notera que le journal le Monde explique ce matin que :

« Se gardant bien de s’immiscer dans le duel entre « insoumis » et socialistes, Les Ecologistes vont tenter, eux, une voie médiane. Ils ont chargé les députés Clémentine Autain (Seine-Saint-Denis, ex-LFI) et Charles Fournier (Indre-et-Loire, Les Ecologistes) de travailler à une feuille de route, avec quelques mesures concrètes, capables de trouver des majorités à l’Assemblée nationale, qui pourraient être proposées à l’ensemble des groupes parlementaires. « Est-ce qu’il n’y a pas moyen de se mettre d’accord au nom de l’intérêt général ? », exhortait de son côté le communiste André Chassaigne (Puy-de-Dôme). Un vœu pieux, mardi au Palais-Bourbon, y compris au sein de la gauche. »

Il y a des socialistes qui parlent de méthodologie, d’ouverture.. et des EELV qui préparent une feuille de route avec quelques mesures concrètes… susceptibles d’être votées par des majorités à l’assemblée nationale. Cela fait quelques un hors gauche-LFI qui travaillent avec d’autres, ou veulent travailler avec d’autres. Il était temps, et si Barnier ne l’a pas fait, pas étonnant c’est un LR ces gens n’ont aucun lien avec d’autres formations.

Que pourrait contenir cette feuille de route ? qui doit satisfaire au moins 289 députés ?

Déjà ça ne peut pas être le programme du NPF ou celui du bloc central , ça doit être des mesures qui font consensus…. mot qui fait bondir la LFI et son fan club qui fantasme encore sur un gouvernement de gauche. Il me semble logique de penser qu’une mesure pourrait faire consensus à gauche comme au centre : l’adoption d’une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin législatif . Il existe déjà une proposition de loi qui prévoit l’adoption de la proportionnelle dans les départements qui comptent 12 ou plus de députés. Comme par exemple à Paris, ou dans le Nord, le Rhône ou les Bouches du Rhône mais ça ne le serait pas pour des départements comme la Haute-Garonne qui n’a que 10 députés, ou des départements ruraux où le scrutin resterait majoritaire à deux tours.

Ça serait déjà un bon début comme mesure concrète. Et ça permettrait à certains partis d’exister et à d’autres de ne plus dépendre d’accord électoraux contraignants… et sources de chantages.

Pour le reste de la feuille de route, ce n’est pas à moi de l’écrire. Mais à ces parlementaires. Et cette assemblée est là jusqu’en Septembre 2025 date de la prochaine possible élection législative…. Ils vont donc devoir travailler ensemble, et ça c’est le moins qu’on puisse dire Barnier ne l’a pas fait, ni même tenté.

Le compromis n’est pas de la compromission. L’actualité politique va être intéressante à suivre.