Incertitudes électorales

Nous allons voter le 30 juin au premier tour des élections législatives, en effet le Président a dissous l’assemblée : “le désordre des derniers mois ne pouvaient plus durer. Les oppositions s’apprêtaient à renverser le gouvernement à l’automne” selon les mots de sa lettre aux français.

Pour cette élection législative on est face à une incertitude multiple. Combien d’électeurs vont se déplacer ? quelle sera la participation sera-t-elle de 64% comme le disent certains sondages ou supérieure ? ce serait déjà une chose très bien, et mieux que les 46,23 % de participation au 2nd tour de 2022 : plus les électeurs se déplacent, plus l’élection sera juste et ce quelque soit son résultat. On annonce déjà 1 million de procuration ce qui est un record, moi-même je serai mandataire au premier tour pour une personne qui ne peut pas voter, ça m’obligera à me déplacer 2 fois dans mon arrondissement parisien à des distances folles : 500m puis 800m ce qui est un effort considérable vous ne pensez pas ?

Cette élection est pleine d’incertitudes : on ne connait pas le nombre de triangulaires. Peuvent se présenter au 2nd tour ceux des candidats qui ont fait plus de 12,5% des électeurs inscrits. A 64% de participation, ça fait donc 12,5 / 0.64 = 19,5% requis pour éventuellement participer à un 2nd tour. en 1997, il y en avait eu un centaine. Tout le reste sera des duels classiques entre 2 candidats.

Venons-en à la principale incertitude , le résultat en terme d’assemblée. Voilà une simulation publiée par l’IFOP le 21 Juin.

Le sondeur le précise : “A interpréter avec prudence compte tenu des incertitudes liées aux configurations de second tour et aux consignes de désistement qui seront données après le premier tour.” On notera aussi qu’il est mathématiquement impossible de modéliser proprement les triangulaires dont je vous parlais plus haut. Nul ne sait ce que sera la décision des partis dans chaque circonscription concernée.

Observons ce résultat : aucun bloc n’a de majorité, ni le nouveau front populaire, ni le bloc nationaliste alliance du RN et de l’âne Ciotti. Tout premier ministre éventuel sorti d’un de ces deux blocs se verrai soumis à une rapide motion de censure du reste de l’assemblée . On rappellera que cette assemblée issue d’une dissolution ne peut pas être de nouveau dissoute avant un an, même si on changeait de président : L’article 12 de la constitution le dit : “Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit ces élections.“.

Que peux-t-il se passer ? Si aucun bloc n’a de majorité, ils devront soit s’allier : le RN avec les LR non Ciotti ce que ces derniers ont refusé, la chose s’étant jouée en justice. Pour le Nouveau front populaire, c’est encore plus cocasse, ils ne pourraient être majoritaire qu’en s’alliant .. avec Renaissance ce qui est impossible au vu des jurons et arguments de campagne des uns et des autres qu’ils soient LFI ou pas d’ailleurs.

Pendant un an au moins, ces députés seraient cependant obligés de se mettre d’accord : Le pays doit avoir un gouvernement et un parlement qui fonctionne. Ceci bien sûr si l’assemblée est comme le sondeur (et d’autres) le prévoit. Et dans ce cas nous serions face à un moment inédit dans la 5e République, une obligation de coalition technique basée sur une feuille de route commune et ajustée pour éviter les motions de censure. Je ne suis pas le seul à le penser. Nos voisins belges, pas plus cons que nous sont restés 2 ans “sans gouvernement” , et en 2021 les pays-bas avaient du attendre 271 jours pour avoir une coalition de gouvernement. Mais il s’agit là d’un pays qui a une culture de la coalition, ce que nous n’avons pas chez nous avec ces politiques qui vocifèrent et conflictualisent tout ce qu’ils peuvent.

Ça promet.


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4 responses to “Incertitudes électorales”

  1. Nicolas Avatar

    Plus j’y pense, plus je suis persuadé que le RN (Bardella sans doute) aura Matignon. Ils mèneront une politique consensuelle jusqu’à la prochaine présidentielle pour continuer leur normalisation (et avoir des majorités).

    C’est après que ça va chier.

    1. Rva Avatar

      on en saura plus dans 15 jours, avec le visage de l’assemblée. Déjà avec l’élection de son président, des autres nominations dans l’assemblée. J’ai un doute pour la majorité RN : le RN n’a pas de réserves de voix, et les transferts ENS/NFP sont plus importants dans les cas où le candidat n’est pas LFI ^^^

      1. Nicolas Avatar

        Je suis langue de pute mais je dirai que Hollande vise le perchoir…

        1. Rva Avatar

          il doit avoir un certain appétit pour envisager un poste s’il est élu député.

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